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Crise sanitaire et proxémie

Qu’est-ce que la proxémie ? Edward Twitchell HALL, l’anthropologue américain qui a introduit ce concept en 1963, la définit ainsi : « ensemble des observations et des théories concernant l’usage que l’homme fait de l’espace ».

Chloé
Par ChloéRédactrice web
Publié le 10/05/2021

Qu’est-ce que la proxémie ? Edward Twitchell HALL, l’anthropologue américain qui a introduit ce concept en 1963, la définit ainsi : « ensemble des observations et des théories concernant l’usage que l’homme fait de l’espace ».

Il observe qu’il s’établit durant une interaction sociale, une « bulle » de sécurité individuelle.  La dimension de cette bulle est différente selon le niveau d’intimité entretenue par les personnes, plus la personne est intime et plus nous serons physiquement proches. Elle peut également varier selon notre culture. Pour exemple, cette distance est plus importante au Japon qu’en France. La distance peut également changer selon l’image que l’on se fait de notre interlocuteur. Ainsi, nous aurons tendance à nous approcher plus d’une personne que nous jugeons amicale comparativement à une personne jugée moins sympathique. Les distances d’interaction fluctuent également selon le statut social et hiérarchique de l’interlocuteur. Nous nous positionnons plus près d’un pair comparativement à une personne d’un statut différent. Selon la tâche à accomplir, la proxémie varie, lors d’une mission de coopération, la position « côte à côte » est privilégiée pour faciliter le partage. Dans une situation de compétition, les adversaires choisissent préférentiellement la position « face à face ».

La proxémie correspond à la bonne distance pour se sentir à l’aise selon les caractéristiques des échanges sociaux. Ainsi nous retrouvons :

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La proxémie correspond à la bonne distance pour se sentir à l’aise selon les caractéristiques des échanges sociaux. Ainsi nous retrouvons :

  • L’espace intime est inférieur à 45 cm :  grande proximité physique et échange sensoriel élevé. Il s’agit de nos proches les plus intimes, tels que la famille (enfants, parents, frères et sœurs), le conjoint.
  • L’espace personnel se situe entre 45 et 135 cm : Il est question des conversations particulières entre amis proches.
  • L’espace sociale en compris entre 120 et 370 cm :  Il rassemble les interactions avec des amis et/ou des collègues de travail.
  • L’espace publique est supérieur à 370 cm : Il correspond aux prises de parole en groupe.

Les êtres humains ont besoin de contacts sociaux. En « période Covid », les contacts et la proxémie sont chamboulés. Le premier confinement a amené un changement radical dans nos rapports sociaux avec un arrêt brutale des contacts physiques. Les poignées de mains et les traditionnelles bises ont été proscrites, ainsi les espaces intimes et personnels ont été décalé, à l’exception des personnes confinées dans un même foyer, provoquant un sentiment d’inconfort.

Pas d’inquiétude, l’être humain est très flexible et s’adapte facilement aux nouveaux contextes. Il nous a fallu peu de temps pour trouver de nouvelles façons d’interagir ensemble. Nous avons vu apparaitre des gestes de salutation compatibles avec les recommandations sanitaires visant à réintroduire les espaces intimes et personnels.

  • Le coup de coude est devenu l’une des façons de rentrer en contact les plus populaires. Ce shake « Ebola handshake » a été introduit durant l’épidémie Ebola, il consiste à taper doucement son coude contre celui de la personne à saluer.
  • Le « Footshake », quant à lui correspond à un coup de pieds en guise de bonjour.
  • Le salut de la main « Wave », de loin secouer doucement la main en direction de notre interlocuteur a toujours existé, surtout dans le milieu de l’enfance.

L’être humain a des besoins proxémiques et trouve toujours un moyen d’adaptation.

Si toutefois vous ressentez de l’anxiété à l’idée d’être en contact avec les autres, vous souffrez peut-être d’anxiété sociale ou de phobie sociale. Les thérapies cognitives et comportementales peuvent vous aider à dépasser vos peurs.

Le télétravail massif et soudain a quant à lui perturbé les « rituels spatialisés » tels que les déplacements domicile-travail, la pause-café / pause-déjeuner ou encore les discussions informelles au cours de la journée. Ces pauses tracent inconsciemment une frontière entre travail et vie personnelle et cette délimitation tend à disparaître avec le télétravail. C’est pourquoi, il est important autant que possible, de séparer les espaces de son logement (coin travail, coin pause etc…), de garder des contacts informels avec nos collègues, de différencier les temps de travail et temps personnels en planifiant ses journées.